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Lilie Bagage  

Comment tenir le rythme d’écriture ? 7 conseils basés sur mon expérience personnelle

En ce moment, vu que je suis en pause, je prends le temps de revenir par ici pour un billet de blog qui sera plus centré sur l’organisationnel.

Je viens de terminer l’écriture de deux premiers jets de manuscrit en 8 semaines, top chrono. Bon, ok, ce sont des petits volumes (260 000 signes pour l’ensemble), mais à côté de ça, j’ai un autre boulot (plutôt prenant, en ce moment !) et je n’ai pas laissé tomber mes rendez-vous, mes loisirs, mes vacances pour autant.

Alors, comment je fais pour tenir le rythme d’écriture ? Je vous donne ma méthode, vous en faites ce que vous vous voulez 🙂 (sachant que tout le monde est différent et que tous les conseils que je donnerai ci-après ne conviendront pas à tous).

  • Déterminer quel sera votre date-butoir 

Que j’écrive suite à une demande éditoriale, pour un appel à textes, ou bien sans contrainte particulière, j’ai besoin d’avoir en tête une date que je choisisse personnellement pour pouvoir me mettre au travail. Cette date sera donc différente de celles que l’on (l’éditeur, l’appel à textes, les contraintes de la vie) m’imposera par ailleurs, je l’aurai choisie et je serai la seule à pouvoir la modifier. Et elle va aussi être très précise. Ce ne sera pas seulement un « dans le courant de l’été » ou bien un « à la fin de l’année », mais plutôt un « jour, mois, année », que je fixe sur mon agenda et que j’aurai toujours sous les yeux. Cette date-butoir, elle constitue un premier moteur pour ma motivation personnelle. C’est elle qui va en quelque sorte me tirer en avant, c’est la ligne d’horizon à atteindre (parce que oui, on peut atteindre cette ligne 🙂 ).

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Une belle ligne d’horizon… Avec un champ de coquelicots à traverser pour l’atteindre 🙂
  • Définir des jalons, des points-étapes

Une fois que cette ligne d’horizon est fixée, j’organise le découpage du travail d’écriture. Quand j’écris, j’ai souvent un plan sous la main, avec une idée grossière du volume à écrire (elle peut fluctuer en cours de route, ce n’est pas l’important), de comment se découpera le manuscrit (le nombre de signes, de chapitres ou de séquences, de scènes).

À partir de là, j’établis non pas un calendrier, mais des jalons, des objectifs intermédiaires à atteindre. Ici, je ne pense pas en durée. On laisse les agendas de côté. J’établis plutôt quelles sont les différentes briques (= sous-objectifs) du projet à réaliser pour atteindre l’objectif final.

Ça peut être par exemple « 5 premiers chapitres écrits » ou bien « 1ère relecture effectuée ». Des sous-objectifs qui vous parlent et qui vont structurer votre avancée.

  • Ritualiser

Je me suis aperçue avec le temps que, plus mes pauses d’écriture étaient longues, plus j’avais du mal à me replonger dans un texte inachevé. Un peu comme si le moteur propre à un projet se refroidissait tellement qu’il avait du mal à repartir.

J’ai donc besoin d’être dans un processus d’écriture tous les jours (ou presque, cf. la suite) pour ne pas perdre le contact avec mon texte. Et, quand je parle de « processus d’écriture », c’est au sens large (les corrections, le travail de relecture d’un manuscrit… font partie de ce processus).

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Aussi, pour préserver un moment d’écriture journalier, je ritualise beaucoup. Je travaille toujours aux mêmes moments/heures de la journée. Je me prépare toujours une boisson et/ou un en-cas avant de commencer à travailler. Je relis toujours mon chapitre/ma scène précédente avant de poursuivre mon travail. Je ne déroge jamais à ces « petites règles » qui aident finalement à intégrer l’écriture dans mon quotidien.

  • Tout planifier, j’ai bien dit « tout » (même les pauses et les imprévus !)

Aujourd’hui, j’ai une idée plutôt précise de mes capacités et de mon rythme d’écriture moyen, de ce qu’il m’est possible d’atteindre par jour, par semaine, par mois… Ce qui me facilite bien sûr cette planification. Je sais depuis quelque temps maintenant qu’il est important pour moi de « prendre le temps ». Que parfois, si je bloque sur une scène ou un chapitre, vouloir me presser pour écrire parce que « j’ai prévu d’écrire là, maintenant, tout de suite » n’est pas la solution.
Le « muscle » de l’écriture est fait de telle façon qu’il a besoin de temps de repos. Un peu comme quand vous essayez de développer votre masse musculaire : vous n’allez pas faire travailler les mêmes groupes de muscles tout le temps, parce que la pause est nécessaire pour la construction des fibres, et donc votre progression.
Souvent, quand je vois les planifications de gens autour de moi, je comprends qu’ils organisent leur temps en omettant ce temps de pause-là. Ils calculent leur temps en essayant de faire rentrer trop de choses dans une journée/semaine et surtout, en oubliant de prévoir les temps de pause, les imprévus, et les temps de transition entre chaque activité.

Ainsi, pour la planification de l’écriture, je prévois aussi « tout » ce qui entoure le travail d’écriture, et tout ce qui vient ponctuer ce travail. Je n’ai pas besoin d’avoir des durées précises affectées sur mon calendrier pour chaque activité, mais les durées m’ont permis au fil du temps de comprendre que je ne pouvais pas faire rentrer 10 objectifs différents à atteindre dans une même journée/semaine/mois.

Exemple : aujourd’hui, je veux écrire un petit chapitre (3000 signes, environ 500 mots) : c’est mon objectif, mon jalon du jour. Connaissant mon rythme d’écriture moyen (3000 signes à l’heure), je pourrais en déduire de glisser une heure dans mon agenda pour faire ce chapitre. Mais ça ne suffirait pas, car il me faut penser aux temps de respiration, aux temps de pause. J’organiserai donc mon temps pour avoir 1h30 à 2h pour l’écriture, et tant mieux si je dépasse mon objectif du jour !

L’essentiel est d’obtenir ce sentiment d’accomplissement (« j’ai rempli mon objectif ») et d’en éviter un autre, celui du débordement (« je n’ai pas réussi à terminer ce qui était prévu »).

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Alors, comme tout le monde, il m’arrive de faire fausse route, de prévoir trop pour une journée, de ne pas avoir envisagé que les imprévus (qui peuvent prendre une forme variée) prendraient un tel volume de temps et d’être contrainte de laisser de côté certains objectifs. Mais il est de plus en plus rare pour moi d’être saisie par ce sentiment de trop-plein. Je préfère mille fois prévoir 3 objectifs à atteindre (= avec plein de pauses et d’imprévus) et les atteindre, qu’en prévoir 6 et n’en faire que la moitié. Le résultat serait le même, me direz-vous (j’en aurais atteint 3 dans les deux cas), mais le ressenti qui les accompagnerait serait bien différent.

  • Prévoir la « récompense »

Je marche très peu au bâton, et beaucoup à la carotte. Là aussi, bien sûr, il faut se connaître, mais c’est un élément de « gamification » (ou ludification… je viens d’apprendre que la version française de ce mot existait :D) que j’intègre facilement à mon propre mode de fonctionnement.
En clair, et sans être systématique, quand j’atteins un jalon important pour moi, je « m’offre » quelque chose. Ça peut être quelque chose de matériel ou non, peu importe. Le tout est d’associer, dès le départ, cette récompense à l’atteinte de l’objectif en question. C’est une forme de motivation supplémentaire, qui peut parfois se révéler plus puissante que la simple atteinte de la date-butoir.

PS : pour garder une trace de mes objectifs et de mes « récompenses », j’utilise une to-do list ludique et en ligne, qui s’appelle Habitica.

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  • Donner la priorité à l’écriture

Ce point-ci me semble facultatif car très perso-dépendant, mais qui peut vous aider (si, encore une fois, votre environnement au sens large – économique, spatial, social, culturel, temporel – vous le permet).
Dans une journée/semaine/mois, les activités et les propositions s’entrechoquent. Parfois, vous avez le choix entre plusieurs d’entre elles et l’écriture est mise dans la balance.
Eh bien, pour ma part, devant ce genre de dilemme, je fais souvent le choix de prioriser l’écriture. Parce que c’est une activité qui compte pour moi, qui m’apporte du bien-être et de la joie, qui m’enrichit 🙂

On oublie peut-être parfois ce que nous apporte l’écriture (ou la création au sens large), et se le rappeler (ou le rappeler à notre entourage) permet aussi de lui donner plus facilement la priorité.

  • Ne pas avoir peur d’essayer, de se tromper, de se remettre en question, de changer et de recommencer

Au début, quand on ne se connait pas bien, on tâtonne, on se cherche. On ne sait pas ce dont on est capable, jusqu’où on peut aller, quel est le fonctionnement qui va nous convenir, si même il y a quelque chose qui va nous convenir !

Et puis plus tard, on se connait mieux, mais on peut aussi changer. Alors on tâtonne, on cherche de nouveau. On teste de nouveaux processus, de nouveaux rythmes, une nouvelle organisation de travail. Parfois, ça marche du premier coup, mais souvent, il faut essayer plusieurs choses et de nombreuses fois avant de trouver chaussure à son pied.

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Je n’ai pas compris ce que je viens de vous exposer tout de suite. Il m’a fallu plusieurs années, plusieurs essais, pour prendre conscience que ça pouvait m’aider aujourd’hui à maintenir un rythme de croisière dans l’écriture, un rythme qui soit vraiment adapté à ma personne, à ma vie actuelle. Et je n’exclus pas le fait que ça puisse changer à l’avenir, que ces conseils formulés à l’instant T ne fonctionnent plus pour moi à l’instant T+10.

Ce qui ne changera pas, c’est le fait que je me dise : « Ce n’est pas grave. Si ça ne va plus, j’essayerai autre chose, je recommencerai ». Accepter de se planter, le reconnaître, et réajuster les composantes de son activité créative (son contenu, son rythme) pour qu’elle reste en accord avec soi, c’est à mon sens le conseil le plus important que je pourrais vous donner 🙂

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