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Lilie Bagage  

Silence, ça boucle !

Mes amis, l’heure est grave.
Au moment où j’écris ces lignes, cela fait bien trente bonnes minutes qu’une musique en midi tourne sans interruption dans mes oreilles et dans ma tête. Et n’est semble-t-il pas prête de s’arrêter.

De quoi devenir marteau.
À elle toute seule, cette musique est une parfaite allégorie de ma tâche actuelle… qui se répète, se répète, se répète…. qui dure depuis bien une éternité 10 jours, et qui ne prendra fin que lorsque je ressemblerai à une coquille vide et desséchée Juillet aura expiré (espérons-le, mais le diable est roi dans le monde du désherbage documentaire, il adore prolonger les supplices, comme les coupures à base de feuilles de papier, les reliures mangeuses de doigts ou bien ces fichiers trop anciens pour être retrouvés sur le web…. OUI, avant internet, le monde existait ! JE SAIS C’EST HORRIBLE !). Je pense à d’autres techniques pour gagner du temps…

Bon du coup, comme mes mains et une partie de mon esprit sont condamnés par cette boucle infinie, je laisse vagabonder le restant de mes neurones vers des imaginaires qui me semblent plus cléments et des terres encore indéfinies. Concevoir tout un monde, tout un univers, ce n’est pas de la tarte et ça prend du temps, mais c’est beaucoup plus amusant que de désosser de vieux rapports.
Pourtant, par où commencer lorsque l’on veut créer un monde qui fonctionne assez pour être réutilisable par la suite ?

Déjà, je ne suis pas en train de prévoir un livre de jeux de rôles, mais un roman. Voire plusieurs romans. Voire des nouvelles aussi, dans ce même monde.
Je pense que la différence est de taille, parce qu’à mon avis dans le cas d’une fiction (avec une intrigue établie par l’auteur, donc) on n’a pas besoin de « tout » penser en amont dans les moindres détails. Un monde quel qu’il soit peut fonctionner avec un minimum de règles de départ. Le reste peut être tissé grâce à l’intrigue, à travers le récit, les personnages… Le tout étant à ce moment-là de prendre des notes histoire de ne pas oublier ce que l’on établit, afin de pouvoir le réutiliser ensuite.

Comme j’ai une forte envie de merveilleux, je vais retourner dans le champ de la fantasy pour un temps. Et là où les sciences et les technologies sont reines dans un univers de science-fiction, la magie est une impératrice en fantasy.
J’ai d’ailleurs beaucoup de mal à imaginer de la fantasy sans elle, je l’avoue. Elle peut ne pas être centrale, simplement évoquée, mais elle est un formidable ciment pour ces univers-là. Et puis, comme j’aime bien les clichés, je ne ferai définitivement pas sans elle.


Donc pour moi, la première chose à imaginer, ce sont les règles qui la concernent.
– Sur quoi repose-t-elle ? Comment fonctionne-t-elle ? Quelles sont ses origines ?
– Quelles sont ses limites ? ses contreparties ? ses fins ?
– Est-elle bien connue des gens de ce monde ou mystérieuse (à l’image d’un élément fantastique) ?
– Quelle va être sa place dans le récit ?
etc.
Rien que ça, ça prend des jours (youpi !). Je n’ai pas fini de noircir des pages et de penser le système qui la sous-tend. J’ai envie que la magie soit discrète, pas bien comprise, mais présente et utilisée par certains. Qu’elle nourrisse des croyances en tous genres, qu’elle soit crainte et en même temps recherchée. Je crois que mon cerveau n’a pas fini de se faire des nœuds sur cette question, et c’est tant mieux 🙂 Tant que je ne serai pas complètement satisfaite du résultat, je continuerai à cogiter dessus.

Ensuite, je me dis qu’il faut bien que je me penche sur celles et ceux qui vont incarner mon univers : les personnages.
D’abord celles et ceux qui vont se trouver au 1er plan, et puis tous les autres. Je préfère largement les utiliser comme porte d’entrée, plutôt que faire l’inverse (partir d’un univers approfondi pour ensuite y intégrer des personnages).
Sans elles, sans eux, l’univers ne peut pas vivre. Il ressemble à un décor de carton-pâte, abandonné et mort.
Vous avez envie, vous, de vous balader dans des nouveaux lieux où vous ne croisez jamais personne ? Moi, non. Lorsque je pars en voyage, les autres (ceux avec moi, ceux que je rencontre, ceux que je côtoie) constitue le plus important dans l’aventure. Et le lecteur, je l’imagine aussi comme ça : l’île déserte, elle est surtout amusante quand quelqu’un débarque dessus. On a suggéré récemment à mon oreille gauche qu’il était toujours possible de faire parler le décor, comme des montagnes (je retiens l’idée), à défaut d’avoir des personnages sous la main. Et puis l’environnement en lui-même peut être source de conflit. Seulement, pour qu’on puisse ressentir ce conflit, il faut bien des gens au milieu pour ressentir, justement. Du coup, après le système de magie, imaginons les personnages !
De leur conception découlent plein d’autres points de réflexion sur cet univers. Parce qu’ils sont au centre d’un système complexe. Un personnage, ça noue des relations dans tous les sens : filiales, affectives, politiques, marchandes… Ça possède aussi des spécificités : une histoire qui s’inscrit dans celle de son univers, des opinions religieuses, politiques, culturelles, des connaissances, un caractère avec sa morale, ses faiblesses et ses forces, ses convictions et ses croyances, ses aspirations et ses peurs, etc. Le personnage amène donc à creuser dans différentes directions, pour que l’univers prenne corps.

Oh, un truc utile !

Et enfin, parce que c’est toujours fun à imaginer et qu’il me semble difficile de pouvoir faire sans : une intrigue, ça se passe forcément quelque part.
Il faut prévoir des contours à votre arène, du relief, des routes sur lesquelles chemineront vos personna…

Bon, d’accord, d’accord.
Mais même si vous avez envie de faire dans le minimaliste, par exemple de décider que votre roman se déroulera sur une seule scène vide, sans rien d’autre que votre unique personnage perdu dans son monologue… Ce plan vide, c’est déjà un lieu ! C’est un « où », et ça suffit pour que l’on délimite l’action, qu’elle possède des frontières, euh… spatiales. Physiques.
Je n’ai pas bien d’idée sur la façon dont je vais m’y prendre, mais je sens que ça implique un crayon et de grandes feuilles de papier.
J’ai aussi envie que ce lieu ne soit pas totalement déconnecté de ce que je vais y raconter. Enfin… Disons, que le thème renvoie au lieu, et que le lieu renvoie au thème. Comme des clins d’œil (ou peut-être un peu plus que ça).
Mais, bon, la matérialisation sur feuille A3, je garde ça pour plus tard (lorsque mes mains ne seront plus en train de massacrer des rapports vieillissants à la chaîne).

Donc si je résume un peu, mon triptyque gagnant pour la construction de mon monde de fantasy, c’est celui-là :
– La magie
– Les personnages
– Le lieu (sous-entendu : le lieu où se déroule l’intrigue)
Et vous alors ? (vous avez le temps de répondre, je repars pilonner une montagne de livres)

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0 thoughts on “Silence, ça boucle !

  1. vestrit

    De mon côté, n’étant pas une grande créatrice de mon devant l’éternel, j’ai le même tryptique mais pas de le même ordre en fait.
    Je pars le plus souvent de personnages. D’une ambiance, un idée de ce qui va leur arriver. Puis je construis l’univers autour de mes personnages et de mon intrigue pour la servir. 🙂

  2. Escrocgriffe

    Argh, ça y est, j’ai cette maudite musique dans la tête maintenant ^^
    En ce qui concerne ta question, c’est l’histoire, la géographie, la religion en général, mais je suis tellement obsessionnel que j’ai vite tendance à partir dans tous les sens, je ne supporte pas que mon monde possède des zones d’ombre…

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